Les stratégies de sortie d’un trade sont un sujet largement moins développé que celui des stratégies d'entrée. A tort...

Quand on commence à faire du trading, la première chose que l'on veut savoir c'est quels titres ou actions acheter sans trop se préoccuper de la sortie, conforté par le plus erroné et dangereux des adages boursiers qui puissent exister, à savoir: "Pas vendu, pas perdu".

En effet, si vous achetez une action à 30$ et qu'elle plonge à 10$ quelques semaines après, l'action vaut 10$ et votre compte de trading s'est bien réduit en proportion de cette baisse et cette valeur de 10$ ne dépend aucunement du fait que vous soyez sortis de la position ou non.

Si vous achetez une maison à 300 000 euros et que 10 ans après sa valeur de marché, c'est à dire le prix auquel vous pourriez la vendre descend à 200 000 euros, diriez-vous:

"Je n'ai rien perdu car je ne l'ai pas vendue?".

Assurément NON. La valeur de votre patrimoine a bien baissé de 100 000 euros et ce indépendamment du fait que vous ayez vendu votre maison ou pas. 

Cet exemple met en lumière un des nombreux paradoxes du trading qui consiste à penser différemment en bourse de ce que nous pensons partout ailleurs.

En outre, sortir d'un trade (gagnant ou perdant) est bien plus difficile que d'y entrer.

En effet, avant de rentrer sur un trade, il n’y a naturellement aucune charge émotionnelle particulière à laquelle nous sommes soumis en tant que traders.

Une fois que vous avez pris une position sur une action ou un actif coté quelconque vous êtes soumis à toutes sortes de biais psychologiques nourris fondamentalement par la peur, l’espoir et la cupidité. 

En conséquence, les choses peuvent vite se compliquer si vous n’avez pas déterminé votre prix de sortie ou la configuration technique ou fondamentale qui la déclenchera avant même d’avoir initié votre position.

Le premier type de sortie est la sortie déclenchée par votre « stop loss » pour limiter votre risque maximal par opération.

Hormis ce type de sortie automatique, on distingue deux grandes approches:

1. La sortie sur la base d'une approche systématique,
2. La sortie sur la base d'une approche discrétionnaire.

L'une et l'autre présentant des avantages et des inconvénients.

Une stratégie de sortie systématique est établie sur la base de signaux clairs souvent liés à des franchissement de seuils ou de niveaux absolus ou relatifs dérivés des cours ou des volumes.

Un exemple serait de sortir systématiquement quand une valeur  franchit à la baisse la moyenne mobile  à 10 jours  en séance ou en clôture ou quand une  divergence baissière sur le RSI (relative strength index) est constatée. 

L’avantage de la sortie systématique c’est qu’elle prévient toute hésitation dans son exécution puisque elle exploite des signaux objectifs qui ne sont pas sujets à interprétation.

L’inconvénient, c’est qu’elle ne tient pas compte du comportement spécifique et unique de chaque titre sur un mouvement de prix donné, ce qui  peut obérer l'amplitude des mouvements captés par le trader.

Un exemple serait de sortir après le franchissement à la clôture d’une moyenne mobile et voir le titre repartir à la hausse.

Un autre inconvénient, corolaire du précédent, c’est qu’une sortie systématique dépend souvent de l’utilisation d’indicateurs dérivés des cours (oscillateur schotastique, RSI, MACD, bandes de bollinger,etc) ou des volumes (OBV, accumulation distribution volumes, indicateur de  CHAIKIN, etc) qui, par  construction,  peuvent produire des signaux en décalage avec le prix ou le volume à partir desquels ils sont construits.

Enfin de nombreuses stratégies de sortie systématiques connues peuvent être  partagées ou adoptées par un nombre croissant de traders, les rendant au fil du temps moins robustes et donc moins fiables. 

Vous pouvez également disposer d’une stratégie de  sortie discrétionnaire qui repose sur une analyse contextuelle et graphique propre à chaque séquence comme celle que j’applique et dont vous trouverez plus bas quelques illustrations.

Pour ce qui concerne la stratégie discrétionnaire, elle a cet avantage d’exploiter le comportement du prix et des volumes uniquement et de pouvoir potentiellement « capter » des mouvements plus larges.

L’efficacité des stratégies discrétionnaires est naturellement corrélée avec le nombre d’années d’expérience.

Le point faible d’une telle approche est notamment qu’elle dépend de la qualité de l’interprétation des séquences prix/volumes et est, par conséquent, beaucoup plus sujette aux biais psychologiques, notamment dans les premières phases de développement du trader. 

La sortie sur faiblesse consiste à sortir d’un trade après que le cours a baissé depuis un plus haut relatif.

La sortie sur faiblesse dépend beaucoup de la personnalité de chacun et de la nature des biais psychologiques, cognitifs ou émotionnels, auxquels nous sommes plus ou moins soumis.

La sortie sur faiblesse relève d’un principe simple mais fondamental. Quand vous «surfez» un mouvement, vous voulez le faire le plus longtemps possible.

Et pour ce faire, il faut apprécier soit par une approche systématique ou discrétionnaire , comme on l’a vu plus haut, les critères qui aident à évaluer avec la plus grande fiabilité possible la fin du mouvement.

Et pour savoir si le mouvement a une forte probabilité d’être terminé, il faut accepter qu’il se retourne suffisamment pour que la tendance soit remise en cause et justifie la sortie du trade.

C’est la stratégie utilisée par les suiveurs de tendances qui sortent une fois que le mouvement s’est retourné sur la base d’indicateurs techniques ou en considérant l’amplitude de l’écart du prix par à rapport à sa moyenne plus ou moins récente (voir volatilité).

Si vous souhaitez en savoir plus sur le «suivi de tendance », principe et approche fondamentale en trading car au fond, tout trader est un « suiveur de tendance » à mon sens, je vous invite à vous tendre sur l’excellent site de Michael Covel qui regorge de ressources qualitatives sur ce sujet.

Ce type d’approches a l’avantage de permettre de capter de larges portions des tendances lourdes qui se développent régulièrement sur les marchés quels qu’il soient. 

L’inconvénient étant naturellement que ce type de stratégie génère de large drawdowns.

La sortie sur faiblesse peut être mise en place en utilisant juste les prix, typiquement en remontant son stop sous les plus bas des barres de prix précédentes ou en sortant en utilisant les indicateurs classiques comme un franchissement à la baisse d’une moyenne mobile en séance ou en clôture. 

Je vous propose d’examiner quelques exemples de trades récents sur la base de ma stratégie de swing trading  sur les micro et nano-caps US dont les capitalisations sont respectivement comprises entre  300  et 50 millions de $ et inférieures à 50 millions de $. 

La sortie sur force comme on peut l’imaginer est l’inverse de la sortie sur faiblesse. 

La sortie sur force tient compte du momentum qui accompagne le mouvement dont la fin peut être accompagnée par l’entrée tardive des "mains faibles" dans le cadre d’un mouvement de foule massif attiré par la hausse continue des cours.

Cet effet de foule se traduit souvent par d’énormes barres de prix accompagnées par des volumes records.

Il peut également se traduire par de puissants « gaps de fatigue » ou « exhaustion gaps » qui consacrent souvent la fin d’un mouvement parabolique. 

Ce type de comportements se retrouvent sur toutes les classes d’actifs mais sont fréquents sur les marchés d’actions et notamment les valeurs les plus volatiles. 

A la fin de la bullet internet de 1999/2000, pléthore d’actions ont fini leur course dans ces moments de frénésie irrationnelle qui poussent la foule à acheter massivement donnant ainsi l’opportunité aux traders plus avisés de sortir dans des conditions optimales de liquidité. 

L’avantage d’une telle technique, c’est qu’elle permet de réduire singulièrement les drawdowns, le principal inconvénient est qu’elle « anticipe » la fin du mouvement sans  ce qui peut limiter l’amplitude du mouvement capturé.

Si vous faites du swing trading sur des micro ou nano caps comme je le fais moi-même vous rencontrerez fréquemment ce type de configurations.

La sortie partielle c'est à dire la sortie d'une position étalée dans le temps est une bonne manière, d'une part de diminuer son drawdown en sortant par exemple la moitié sur force et l'autre moitié sur faiblesse et d'autre part d'engrammer dans l'esprit l'attitude saine de celui qui ne sait pas ce qui va se passer et qui par conséquent, ne cherche pas à anticiper.

On a donc vu qu’il y avait deux grandes approches de sortie en trading, l’approche systématique qui permet de se prémunir notamment des biais psychologiques préjudiciables à la performance et l’approche discrétionnaire dont l’efficacité tient au nombre d’années d’expérience du trader mais qui peut produire des résultats particulièrement intéressants.

Ensuite, la sortie sur faiblesse part du principe que pour capter le plus gros d’une tendance, il est nécessaire d’attendre qu’elle se retourne tandis qu’elle génère des drawdowns notoirement plus élevés que la sortie sur force qui tente d'anticiper la fin du mouvement en sortant quand les prix montent ce qui a pour avantage de limiter singulièrement les drawdowns mais de potentiellement louper la poursuite du mouvement si la fin du mouvement n’est pas correctement anticipée.

Je n’ai pas abordé ici les stratégies de sorties sur les positions courtes qui permettent de spéculer à la baisse, celles-ci étant dans une large mesure et de manière symétrique, identiques aux principes et techniques décrites ici pour les positions longues.

Quelle que soit la stratégie de sortie que vous avez adoptée ou adopterez, retenez que la simplicité est en trading largement sous-estimée quand elle n’est pas tout simplement méprisée. 

Le trading est une activité particulièrement difficile et exigeante non pas pour le niveau d’intelligence qu’elle requiert mais pour son essence contre-nature qui entre en contradiction totale avec les ressorts et autres biais psychologiques auxquels nous sommes soumis en tant qu'êtres humains.

Plus que ça, le trading amplifie nos travers et peut les entretenir ce qui explique très largement pourquoi de nombreux traders abandonnent avant de pouvoir rencontrer le succès.

Il est donc primordial, à mon sens, de privilégier une approche robuste qui prenne en compte l'observation unique du prix et des volumes et de limiter l’utilisation de prismes ou autres filtres et indicateurs qui d'une certaine manière "déforment" la réalité.

Naturellement, je ne dis pas que les indicateurs sont mauvais ou qu’ils ne peuvent pas être utilisés efficacement. 

Enfin, la simplicité en trading est couramment assimilée à la robustesse, c’est à dire la capacité d’un système complet de trading à durer dans le temps et à traverser les conditions de marché défavorables qui ne manquent jamais d’arriver.